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Historiquement, l'ouraline a été connue du grand public
au XIX° siècle.
On en attribue la découverte dans les années 1830 à Josef
RIEDEL, représentant la sixième génération
de verriers établis à Polaun en Bohême (actuellement en Tchécoslovaquie).
En fait, la paternité en revient à
Franz Xaver
Anton RIEDEL (1786 - 1844) qui désigna le verre uranifère
sous les noms d' « Annagelb » pour le verre dichroïque jaune
(ouraline) et « Eleonorengrün » pour
le verre dichroïque vert, les baptisant des prénoms
de ses deux filles: Anna Maria et Eleonora.
Son neveu, Josef RIEDEL (1816-1894), entra dans l'entreprise familliale
en 1830 et épousa sa cousine Anna Maria le 27 août 1840, prenant ainsi
la direction de l'importante entreprise familliale. Dès lors, ne resteront
que les appellations « Annagelb » et « Annagrün».
L’usage
de l'oxyde uraneux comme colorant du verre (et de la porcelaine) avait
déjà été décrit
en 1807 par Martin
Heinrich KLAPROTH, l’inventeur de l’uranium.
Il rapporte dans son « Dictionnaire de chimie » (ci-après
la traduction française de M. BOUILLON-LAGRANGE et M. VOGEL de
1811) :
« L’oxyde d’urane se combine avec le verre et lui communique
différentes nuances. Deux gros de silice préparée,
un gros de potasse et dix grains d’oxyde d’urane ont donné à Klaproth
un verre transparent d’un brun clair. Si dans les mêmes proportions
on emploie de la soude en place de potasse, on obtient un verre opaque
d’un gris noirâtre. Vingt grains d’oxyde d’urane
fondus avec deux gros de silice, et autant de borax, ont donné un
verre semblable à la topaze. Si l’on substitue au borax
de l’acide phosphorique vitrifié, on obtient un
verre opaque d’un vert de pomme qui ressemble à la chrysoprase.
Lorsqu’on fait fondre 10 grains d’oxyde d’urane avec
2 gros d’acide phosphorique vitrifié, il reste un
verre transparent d’émeraude. »
L’utilisation
de l’urane en tant que colorant du verre était
donc connue dès le début de 19ème siècle.
Retenons qu’en plus des verreries RIEDEL, les verreries HARRACH
(Bohême du Nord) et celles des monts SUMAVA (Bohême du sud)
ont produit quasiment à la même époque, des verres
uranifères.
Nous retiendrons donc que les premières ouralines ont été fabriquées
dans les années 1830 et que leur composition était scientifiquement
connue dès le début du XIXème siècle et expérimentalement
depuis probablement fort longtemps.
En fait, le verre à l’urane
le plus ancien actuellement découvert, date de l'an 79 après
JC ; il s’agit d’un
morceau de mosaïque romaine découvert dans la région
de Naples en 1912. L’échantillon analysé à l’université d’Oxford
montre la présence d’uranium, estimé à moins
d’un pourcent de sa masse totale.
Certains auteurs mettent en doute
la précision de l’analyse
faite par les scientifiques anglais prétextant d’une part
que l’uranium n’a été découvert qu’en
1789 et qu’il est très difficile de l’extraire de
la pechblende et que d’autre part, si une telle invention avait été connue,
pourquoi aurait-il fallu attendre plus de dix-sept siècles pour
en redécouvrir les secrets de fabrication ?
Ces arguments sont recevables mais retenons que les verriers romains
ont réalisées des prouesses techniques et artistiques que
très peu de verreries de part le monde n’ont pu égaler
avant le 19ème siècle.
Et s’il est vrai qu’il est peu probable que les romains possédaient
les connaissances en chimie nécessaires à l’isolation
de l’uranium, c'est à partir de l'autunite, et non pas de
la pechblende, que Eugène
Melchior PELIGOT, isole pour la première fois, en 1841,
l'uranium «métal».
Les cristaux d’oxyde d’uranium qui recouvrent en partie l’autunite,
ont une couleur et une fluorescence aux ultraviolets, identiques à celles
de l’ouraline. Et autant de prime abord on ne peut suspecter
dans la pechblende la présence d’un colorant «jaune» autant
cela parait évident à la vue de l’autunite.
Quand à l’extraction des cristaux d’oxyde d’uranium
de l’autunite, il suffit de les «gratter» pour qu’ils
s’en détachent.
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